L’histoire des banques : de l’Antiquité à aujourd’hui

Il était une fois… les banques. Connaissez-vous leur histoire ?

L’histoire des banques : de l’Antiquité à aujourd’hui
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On l'oublie parfois, mais on utilise tous les jours les services de la banque : lorsque je paye mes croissants avec ma petite monnaie, lorsque je passe faire le plein de carburant, ou achète un ticket de métro, lorsque je reçois mon salaire à la fin du mois, paie mon loyer, lorsque j’obtiens un crédit pour ma voiture, etc. Mais comment faisaient nos ancêtres ? Comment les banques sont-elles arrivées dans nos sociétés et pourquoi ? Pourrait-on aujourd’hui s’en passer ? On vous propose de découvrir l'histoire des banques.

La naissance des banques et le commerce : les deux faces d’une même pièce (d’or)

Les banques sont nées progressivement de plusieurs besoins. Pour mieux comprendre lesquels, rembobinons de quelques milliers d’années… (Oui, si loin, mais on fera des grands sauts temporels promis)

Il était une fois… Le dépôt, le crédit et le change

Dans l’Antiquité, il n’y avait pas réellement de « monnaie » ou celle-ci prenait des formes très disparates. Les « banques » se résumaient aux services de prêt sur gage ou de location de coffres pour y déposer des biens précieux. Ces services de crédit ou de dépôt étaient généralement accordés par le Temple ou des riches citoyens.
 
Quelques siècles plus tard, c’est l’usage d’une monnaie métallique « frappée » qui va se généraliser avec l’essor du commerce international. Ce sont des unités identiques de métaux précieux (or, argent…) frappées à l’effigie d’un royaume ou d’une ville. Mais si chaque grand seigneur peut graver sa tête sur des pièces d’or, ça fait beaucoup de monnaies différentes ! C’est à ce moment-là que se développent les services de change, permettant de convertir un volume de monnaie dans une autre. Les « changeurs » occupent alors un rôle essentiel pour faciliter le commerce.
 
D’ailleurs, saviez-vous d’où vient le mot banque ? Le mot français « banque » vient de l’italien « banca », désignant le banc en bois sur lequel ces mêmes changeurs du Moyen Âge exerçaient leur activité. Quand un changeur faisait faillite et ne pouvait honorer ses dettes, on cassait son banc, en italien ça se disait « banca rota », ce qui a donné banqueroute en français !
 
Mais pourquoi tous ces mots italiens ? Car à partir du XIème siècle, les banquiers sont surtout italiens et se développent grâce aux croisades, en particulier à Venise et Florence, dont la monnaie le Florin, était utilisée dans toute l’Europe au Moyen-âge.
 

L’arrivée du papier comme nouveau moyen de paiement

Le métal précieux c’est sympa, mais c’est lourd. Et précieux, du coup. Donc plus le commerce s’internationalise, plus il devient encombrant et risqué de transporter de grandes sommes d’argent avec soi. Les marchands des Temps modernes font alors appel aux orfèvres (négociants en métaux précieux) pour confier leur fortune. En échange, les orfèvres leur remettaient un certificat de dépôt nominatif leur permettant de retirer leur argent à tout moment, moyennant paiement.
 
Jusque-là, rien d’original : ces pseudos « banques » servent surtout de caisse de dépôt, dont les coffres-forts sont un peu les ancêtres de nos actuels comptes courants. C’est la suite qui est intéressante ! Rapidement, les certificats de dépôt remis par les orfèvres deviennent non-nominatifs : il y est donc inscrit uniquement la somme de métal précieux déposée. Les marchands commencèrent alors à échanger, non plus directement avec de l’argent, mais avec les certificats. C’est la naissance de la monnaie papier : un nouveau moyen de paiement très pratique qui va servir l’expansion du commerce.
 

La création monétaire, ou comment créer l’argent à partir de rien

L’histoire continue. En commerçant uniquement via cette nouvelle monnaie, les marchands retirent de moins en moins leur argent (qui prend un peu la poussière dans les coffres des orfèvres). Ces derniers ont alors une idée : prêter cet « argent dormant » à d’autres marchands ayant besoin de se financer pour développer leur entreprise. Et au lieu de leur donner directement une bourse remplie de pièces d’or, ils leur remettaient un simple certificat papier. Lorsque l’emprunt était remboursé et les intérêts payés, le certificat était détruit. C’est le principe du crédit ! Et il a, lui aussi, grandement aidé au développement du commerce et de l’économie.
 
Alors oui, le concept n’est pas nouveau (le crédit était utilisé avant même l’invention de la monnaie !), mais il est alors développé à une toute nouvelle échelle et le créancier (celui qui fait crédit) utilise cette fois, non pas sa richesse personnelle, mais les dépôts des autres clients et clientes. Futé.
 
C’est là que (peut-être) vous vous dîtes : finalement, c’est exactement le même système que dans nos banques contemporaines ! Bien vu, mais non. Contrairement à la croyance populaire, les banques modernes utilisent un procédé différent lorsqu’elles vous accordent un prêt… Mais qui est tout de même inspiré des orfèvres. On vous explique : ces derniers, en voyant leur business fonctionner, commencèrent alors à distribuer plus de certificats de crédits que d’argent disponible dans leurs coffres. Tant que les clients et clientes ne réclamaient pas tous et toutes leur argent en même temps, le système fonctionnait, les orfèvres s’enrichissaient, et le commerce se développait. Encore plus futé.
 
Et ça, dans le jargon moderne, c’est ce qu’on appelle la création monétaire « ex nihilo » (soit créer de la monnaie « à partir de rien »). Ça tombe bien, on a justement un super article qui vous explique tout sur le sujet.
 

Révolutions et déceptions des banques modernes

C’est à la Renaissance que le mot « banque » apparaît réellement dans la langue française, et signe le début d’une drôle d’épopée. C’est parti pour l’histoire des banques, Tome II.
 

L’âge d’or de la Révolution industrielle

XVIII siècle : la création du papier-monnaie tel qu’on le connaît aujourd’hui (tu sais, les billets colorés avec des petits dessins) est en train de révolutionner le monde bancaire. Et c’est pour contrôler l’émission de ces billets tout frais que chaque État va créer sa Banque centrale. Celle-ci a les mêmes capacités qu’une banque classique, soit le stockage, échange, transfert ou prêt de richesses, mais c’est elle qui établit les règles pour toutes les autres banques du pays (appelées « banques de second rang » ou « banques commerciales »). Ainsi naît la Banque de France, instaurée en 1800 par Napoléon.
 
L’autre grande révolution (et une spécificité française !), c’est le lancement du Livret d’Épargne. C’est un service accessible à tous et toutes et qui démocratise enfin l’usage de la banque, longtemps restée l’apanage des marchands et des puissants. Désormais, même les citoyens et citoyennes d’origine modeste peuvent mettre de l’argent de côté et le faire fructifier.
 
C’est aussi pendant la Révolution industrielle, dans le sillon des premières méga-entreprises du charbon, des chemins de fer puis du pétrole, que les grandes banques modernes que nous connaissons aujourd’hui comme la Société Générale, la Deutsche Bank ou Barclays voient le jour.
 
Ces nouveaux géants, qui ont le pouvoir de tout centraliser et d’investir sur les gros marchés, déploient rapidement leurs réseaux d’agences en écrasant les petites banques locales. Attiré·es par la publicité intensive, les Français·es souscrivent en masse.
 

Pas de banque, pas de chocolat

L’activité bancaire est complètement enrayée par les deux Guerres Mondiales et la crise boursière de 1929, point de départ de la Grande dépression. Dans la panique, tout le monde essaie de retirer son argent en même temps, précipitant la faillite des banques et l’incapacité de celles-ci à financer les entreprises et l’économie : la France est ruinée.
 
Pour reprendre le contrôle de son économie et du système financier, le pays installe plusieurs mesures. D’une part, il distingue strictement les banques s’occupant des grandes entreprises (devenant les « banques d’affaires » ou « banques d’investissement ») et celles dédiées aux particuliers et petits entrepreneurs (les « banques de détails » ou « banque de dépôt »). D’autre part, une partie des banques est nationalisée (dont la Banque de France) et une réglementation sévère est instaurée pour les autres.
 

Législation et technologie : la recette gagnante

À partir des années 1960, des lois nouvelles vont soutenir le développement du secteur bancaire. D’abord, les patrons des entreprises ont désormais l’obligation de verser les salaires des employés sur un compte bancaire, rendant nécessaire le fait d’en posséder un. Ensuite, en 1965 les femmes sont enfin autorisées à ouvrir un compte bancaire en leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari (oui oui, il y a moins de 60 ans, demande à mamie !).
 
Enfin, les banques sont de nouveau privatisées à partir des années 1980 (durs à suivre, ces politiques). Peu de temps après, elles sont également ré-autorisées à développer une activité universelle, c’est-à-dire que la distinction banque d’affaires/banque de détail n’est plus obligatoire. Les banques commerciales deviennent alors des entreprises de service à part entière et continuent de diversifier leurs activités : investissement dans l'industrie et l’immobilier, présence sur les marchés financiers... Seule la Banque de France perdure aujourd’hui comme institution publique : son activité est néanmoins indépendante de l’État depuis 1994 et elle reste le seul établissement à pouvoir créer la « monnaie fiduciaire » (pièces et billets). Depuis 1998, elle est directement affiliée à la Banque Centrale Européenne (BCE).
 
En parallèle, les avancées technologiques ont participé à ce nouvel essor des banques : on invente la carte bancaire, on installe des distributeurs automatiques de billets… Tout s’accélère !
 
Avec l’invention d’Internet, apparaît même un nouveau concept dans les années 2000 : les banques digitales. Certaines sont reliées aux banques traditionnelles, comme les banques en ligne, et d’autres sont les challengeurs venus repenser le système bancaire, comme les néobanques ou « banques mobiles ».
 

La banque en 2021, quel avenir ?

Et l'histoire des banques ne s'arrête pas là. On se rappelle tous la crise des subprimes de 2008. Pour la première fois dans l'histoire des banques, cette crise a remis en question le secteur bancaire dans tout son ensemble. La confiance dans celui-ci est encore fragile, et beaucoup se demandent si l’on a vraiment besoin des banques. Doit-on se méfier d’elles ?
 
En réalité, il est difficile de nier la nécessité des banques : c’est ce qui alimente aujourd’hui notre économie, ce qui permet la création d’entreprises et d’emplois… Ou plus simplement, ce qui vous permet de payer un café sans avoir besoin de le marchander contre le collier de Tata ou un sac de grains.
 
Néanmoins, il est légitime de demander plus de transparence de la part de nos banques pour pouvoir recréer ce lien de confiance. Soyons curieux et curieuses de comment fonctionne le système dans lequel nous vivons et de comment est utilisé notre argent ! Car celui-ci peut financer des visions du monde très différentes, et nous avons aujourd’hui la possibilité de choisir laquelle…
 

L’essentiel

  • Les banques se sont développées pour répondre aux nouveaux besoins de la société, notamment faciliter le commerce et financer la création d’entreprises.
  • On peut retrouver les ancêtres des banques dès l’Antiquité, mais c’est réellement à partir de la Révolution industrielle que les banques modernes apparaissent, et que le système bancaire devient une grande machine prospère, davantage réglementée, et accessible à tous et toutes.
  • Aujourd’hui en France, les banques commerciales sont des entreprises privées aux activités diversifiées. La seule institution publique est la Banque de France, qui est la Banque Centrale Nationale (BCN) soit le seul établissement bancaire à pouvoir créer la « monnaie centrale » (pièces et billets). Elle est indépendante de l’État et affiliée à la Banque Centrale Européenne (BCE).
  • Les avancées technologiques et l’arrivée d’Internet continue de révolutionner le monde de la banque. Dernièrement, cela a permis l’introduction de nouveaux acteurs venus challenger les banques traditionnelles, comme les néobanques.
 
 
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Aurélie

Ecrit par

Aurélie

Responsable impact chez Green-Got