Qu’est-ce que l’agroforesterie ?

Connaissez-vous l’agroforesterie ? C’est l’art de faire coexister des cultures et des arbres sur les mêmes surfaces pour une coopération mutuellement bénéfique.

Qu’est-ce que l’agroforesterie ?
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En 2018, le film Tout est possible (The biggest Little Farm dans sa version originale) a refait découvrir au grand public et a remis à la mode une technique agricole oubliée par certains et certaines depuis bien longtemps : l'agroforesterie.
 
Dans ce film, on découvre les aventures d'un couple californien qui décide de s'installer à la campagne et qui réussit, après plusieurs années et avec le soutien d’un expert, à totalement transformer une parcelle agricole sans eau, polluée et sans ressource, en un paradis de biodiversité tout en démultipliant la productivité et la fertilité des sols.
 
En France et en Europe, de nombreux projets agroforestiers n'ont pas attendu la sortie de ce film pour se lancer. De plus en plus de parcelles agricoles se tournent depuis longtemps vers cette nouvelle approche garantissant un meilleur équilibre entre bétail, sol et cultures, et assurant sur le long terme de meilleurs rendements et une production abondante et de qualité. Mais concrètement, qu'est-ce que l'agroforesterie et pourquoi tant d'agriculteurs et agricultrices abandonnent leurs surfaces agricoles conventionnelles pour se tourner vers cette technique ? Réponse dans cet article.
 

L’agroforesterie est un cycle vertueux

L’agroforesterie ce n'est pas uniquement pour les forestiers, mais aussi pour les agriculteurs et agricultrices. C’est une pratique qui consiste à associer des cultures et des arbres sur les mêmes surfaces pour une coopération mutuellement bénéfique entre tous les membres de la biodiversité : arbres, cultures, insectes, champignons, oiseaux, mammifères et agriculteurs/agricultrices.
 
Vous voyez les grandes surfaces de monoculture de blé, de colza ou de soja, nues, exposées au plein-soleil, au vent, à l’érosion, sur-traitées de pesticides, participant à la dégradation des écosystèmes ? Et bien l’agroforesterie c’est tout l’inverse de ces méthodes conventionnelles destructrices.
 
C’est un moyen de préserver les écosystèmes et d’adapter les cultures aux changements climatiques grâce à la plantation d’arbres, fruitiers ou non, et de haies autour et même directement dans les parcelles cultivées.
 
C’est la création d’un cercle vertueux entre les plantes cultivées, les arbres plantés et les animaux qui habitent là. Un très beau programme donc, qui fait beaucoup d’heureux et d'heureuses :
La monoculture
La monoculture
L'agroforesterie
L'agroforesterie

Les arbres protègent les cultures

Cela peut paraître surprenant mais tout ce qui pousse n'est pas en compétition pour les mêmes ressources du sol. Les arbres apportent beaucoup aux cultures. Et les cultures beaucoup aux arbres.
 
Les deux sont très différents, ils ne consomment pas les mêmes ressources et ne sont donc pas en compétition mais complémentaires.
 
Par exemple, les racines des arbres, qui sont plus longues que celles du blé ou des légumineuses, vont aller chercher de l’eau et des minéraux bien plus en profondeur dans la terre et vont les remonter vers les couches moins profondes. Les minéraux deviennent alors accessibles aux cultures qui n'auraient jamais pu en profiter sans cette aide.
 
En plus de cela, et contrairement à ce qu’on pourrait croire, les arbres ne bloquent pas l’ensoleillement, au contraire, ils ont un effet bénéfique en créant un microclimat capable de conserver l’humidité grâce à leur branchage. Pratique quand les sécheresses sont de plus en plus longues et fréquentes.
 

Les sols aussi aiment les arbres

Il n’y a pas que les cultures qui bénéficient de la présence des arbres, grâce à eux, les sols sont protégés et régénérés.
 
Les feuilles des arbres fertilisent les sols quand elles tombent et se décomposent. Les engrais chimiques ne sont plus (ou beaucoup moins) nécessaires.
 
Leurs racines quant à elles, en structurant le sol, limitent l’érosion et permettent au mycélium (comprendre des champignons très utiles) de se développer et donc de diminuer l’utilisation des engrais, aux eaux de pluies de s’infiltrer et donc de recharger la nappe phréatique, aux nitrates d’être récupérés dépolluant ainsi les eaux, au sol de s’aérer en facilitant le travail des lombrics et autres vers de terre (qui ont un rôle immense dans les cultures) ainsi que d’éviter la salinisation, d’empêcher certaines inondations …. Et la liste est encore très longue.
 
Si en plus de ça les variétés d'arbres plantées produisent des fruits, abritent des oiseaux qui se nourriront des insectes nuisibles pour les cultures et accélèrent le travail des lombrics, la liste devient encore plus longue !
 

Mélanger les cultures : le meilleur des engrais

Il n'y a pas que les arbres qui sont bénéfiques pour les cultures. Les légumineuses sont aussi très fortes pour ça. Elles sont les seules à pouvoir capter l'azote contenu dans l'air et à le séquestrer dans le sol.
 
La bonne nouvelle c'est que l'azote est le meilleur des engrais et toutes les plantes et cultures en ont besoin pour se développer. On sort un peu des techniques agroforestières et on rentre plutôt dans un cas de permaculture mais la philosophie et les bénéfices pour le sol sont très similaires dans les deux cas.
 

Les animaux complètent l'équation

Qu'ils soient d'élevage ou sauvages, les animaux vont avoir eux aussi un impact considérable sur la qualité des sols, l'abondance et la qualité des récoltes. Le fumier du bétail (lui aussi chargé en azote) va enrichir les sols, alors que la présence de canards, poules ou autres oiseaux éliminera une grande partie des insectes qui détruisent une partie des récoltes.

C'est excellent pour l'activité des producteurs et productrices :

Pour l'agriculteur ou l'agricultrice, l'association de ces éléments est une formule presque magique ! Son activité est diversifiée (comme ses sources de revenus : bois, fruits…), ses risques de perte sont largement inférieurs comparé à une production en monoculture : si une maladie dévaste ses carottes ou son blé, il lui restera au moins ses arbres.
 
Ah, et puis accessoirement, la productivité de ses cultures augmente de 30%. Oui, 30%. 1 hectare en agroforesterie produit autant que le rendement total normal d’1,3 hectare de parcelles (résultats des tests de l’INRA sur la comparaison de productivité de champs classiques en monoculture vs champs en agroforesterie).
 
Champs en monoculture
Champs en monoculture

Mais aussi pour toute la société

Comme dans toutes les forêts, les arbres agroforestiers sont des puits de carbone en puissance ! Ils stockent énormément de CO2 dans leur bois, pendant leur croissance et abritent une incroyable biodiversité animale.
 
Quand on sait que le niveau de CO2 dans l'atmosphère ne cesse d'augmenter et que la biodiversité est en chute libre en France et dans le monde depuis plusieurs années, on se demande ce que les politiques attendent pour inciter les agriculteurs et agricultrice à se tourner encore davantage vers ces pratiques et les soutenir grâce à des subventions facilitant les reconversions de ce concept pourtant vieux comme le monde.
 
En attendant que nos politiques s'y mettent, vous pouvez devenir un forestier grâce au système de parrainage de Green-Got. Pour ça c'est très simple, il suffit de se pré-inscrire et de parler de Green-Got et de son combat pour la mise en place d'une finance plus responsable. Avec votre aide de nombreux projets agroforestiers pourront être financés et remplaceront l'agriculture conventionnelle dévastatrice pour la biodiversité et notre santé.
Les systèmes agroforestiers renforcent les écosystèmes grâce au piégeage du carbone, à la prévention de la déforestation, à l’augmentation de la biodiversité, à un approvisionnement en eau plus propre et à la lutte contre l’érosion.FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
 
L’Union européenne doit privilégier davantage les circuits courts d’approvisionnement et l’agroécologie si elle veut préserver son agriculture et la rendre plus résiliente face aux nouveaux défis, tels que le changement climatique.Comité économique et social de l’Union Européenne
 
L’objectif est que la majorité des exploitations françaises soit engagée dans l’agro-écologie à l’horizon 2025.Ministère de l’agriculture de l’agroalimentaire et de la forêt
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Andréa

Ecrit par

Andréa

Co-Founder et CEO de Green-Got